Le Juge by Lambert Christophe

Auteur:Lambert, Christophe [Lambert, Christophe]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
Éditeur: PLON
Publié: 2015-09-20T22:00:00+00:00

Sitôt les gardes passés, Keller se débarrassa de son imper et monta sur le toit d’une remise qui jouxtait la villa Jean-de-La-Fontaine. De là, il gagna le balcon de l’immeuble moderne, qui donnait sur la pelouse d’un footballeur amateur de jeunes garçons. Un filin lui permit de se glisser du balcon à l’intérieur de la Villa. Tout était silencieux. Avec une petite bombe de produit phytosanitaire, dont le contenu réagissait aux rayons laser, il localisa les points dangereux. Évitant soigneusement l’allée centrale, goudronnée, il se glissa, de jardin en jardin, vers la maison d’Attilaxx baptisée « Fléaudedieuxxx ». C’était la copie d’un petit palazzo romain, avec ses colonnades, ses alcôves, ses niches et ses salons. Keller localisa deux rottweilers, prêts à bondir. Des chiens entraînés à tuer. Il déchiffra le langage corporel du premier chien, et, avant même que celui-ci n’ait pu s’élancer, Keller vit le halo rouge, invisible pour le commun des mortels, qui entourait l’animal. C’était la couleur de sa rage : Keller dégaina un Sig Sauer équipé d’un silencieux et logea une balle dans la tête du chien alpha, puis dans celle du chien bêta. Il enjamba les deux cadavres, s’approcha d’un soupirail entrouvert, et pénétra dans la maison par le sous-sol.

Chaque porte était équipée d’une alarme. Systématiquement, il noya les sonneries avec une bombe de polystyrène liquide. Il traversa le salon de garde : personne. Deux kalachs, posées sur des fauteuils, indiquaient que les bodyguards n’étaient pas loin. Des fresques pseudo romaines ornaient les murs, grotesques imitations des peintures de Pompéi, représentant des scènes d’orgie. Chaque meuble était en métal, argent ou or, on ne savait pas.

Il monta un escalier – vingt-deux marches – couvert d’une moquette épaisse. La porte de la chambre à coucher était en face. Il l’ouvrit doucement, entra. Le lit était devant lui.

Il n’y avait rien.

Deux projecteurs s’allumèrent brutalement. Ébloui, Keller tenta d’échapper à ce flot de lumière. C’était impossible.

— Laisse tomber ton arme. Ton sac aussi, bouffon.

Cinq hommes armés se rapprochèrent.

— Je t’attendais.

Keller, les mains vides, resta immobile.

— Tu crois que je t’ai pas vu, bouffon ? Tu vas pleurer ta mère, connard.

Keller sentit qu’on s’approchait par-derrière. Un coup de crosse le mit à genoux.

— T’es qui, bouffon ?

L’obèse était devant lui.

— Tu salis ma moquette. Je kiffe pas. Tu vas fébou tes oreilles, pour commencer.

La menace était claire : l’un des sbires allait lui couper une oreille, puis la lui faire manger. Attilaxxx était réputé pour son esprit créatif.

— Alors, j’attends. Qui t’envoie ?

Ismail Fetch s’avança. Keller le vit de près pour la première fois. Il en éprouva un dégoût total. L’homme suait la cruauté par tous les pores.

La haine, le dégoût, le rejet étaient des handicaps. Keller purgea son esprit. Il vit le corps de son ennemi bouger, sut immédiatement que la colère allait guider ses actes. La façon dont Fetch bougeait son bras gauche ou posait ses pieds indiquait une fureur interne totale. Le type était un psychopathe. Il fallait trouver la faille chez cet esprit dévoyé. Keller fit le néant dans sa tête.

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